CHANT II

Vers 52 à 94

DANS L'AVANT-PURGATOIRE, L'ANGE DE DIEU AMÈNE SUR LA RIVE UNE GROUPE D'ÂMES. PARMI ELLES SE TROUVE CASELLA, MUSICIEN CÉLÈBRE, AMI DE DANTE, QUI TARDA À SE REPENTIR.

La turba che rimase lì, selvaggia
parea del loco, rimirando intorno
come colui che nove cose assaggia.

Da tutte parti saettava il giorno
lo sol, ch'avea con le saette conte
di mezzo 'l ciel cacciato Capricorno,

quando la nova gente alzò la fronte
ver' noi, dicendo a noi: «Se voi sapete,
mostratene la via di gire al monte».

E Virgilio rispuose: «Voi credete
forse che siamo esperti d'esto loco;
ma noi siam peregrin come voi siete.

Dianzi venimmo, innanzi a voi un poco,
per altra via, che fu sì aspra e forte,
che lo salire omai ne parrà gioco».

L'anime, che si fuor di me accorte,
per lo spirare, ch'i' era ancor vivo,
maravigliando diventaro smorte.

E come a messagger che porta ulivo
tragge la gente per udir novelle,
e di calcar nessun si mostra schivo,

così al viso mio s'affisar quelle
anime fortunate tutte quante,
quasi oblïando d'ire a farsi belle.

Io vidi una di lor trarresi avante
per abbracciarmi, con sì grande affetto,
che mosse me a far lo somigliante.

Ohi ombre vane, fuor che ne l'aspetto!
tre volte dietro a lei le mani avvinsi,
e tante mi tornai con esse al petto.

Di maraviglia, credo, mi dipinsi;
per che l'ombra sorrise e si ritrasse,
e io, seguendo lei, oltre mi pinsi.

Soavemente disse ch'io posasse;
allor conobbi chi era, e pregai
che, per parlarmi, un poco s'arrestasse.

Rispuosemi: «Così com' io t'amai
nel mortal corpo, così t'amo sciolta:
però m'arresto; ma tu perché vai?».

«Casella mio, per tornar altra volta
là dov' io son, fo io questo vïaggio»,
diss' io; «ma a te com' è tanta ora tolta?


La troupe qui demeura là paraissait étrangère à ce lieu, regardant autour comme celui qui examine des choses neuves. Le soleil, dont les flèches brillantes avaient du milieu du ciel chassé le Capricorne, de toutes parts dardait le jour, lorsque la gent nouvelle vers nous éleva le front, disant: «Si vous le savez, montrez-nous le chemin pour aller au mont». Et Virgile répondit: «Vous croyez peut-être que de ce lieu nous sommes experts, mais nous sommes pèlerins comme vous. Un peu avant vous, nous sommes venus par une autre route si âpre et si rude, que monter désormais nous paraîtra un jeu».

Les âmes, s'apercevant à ma respiration que j'étais encore vivant, devinrent pâles d'étonnement; et comme un messager qui porte l'olivier attire à soi la foule avide de nouvelles, et que nul ne craint de presser autrui, ainsi toutes ces âmes fortunées sur mon visage fixèrent les yeux, oubliant presque d'aller se faire belles.

Je vis l'une d'elles s'avancer pour m'embrasser avec tant d'affection, qu'elle me mut à faire la même chose.

Hélas! ombres vaines, excepté d'aspect! Trois fois autour d'elle j'étendis les bras, et trois fois je les ramenai sur ma poitrine. L'étonnement, je crois, se peignit en moi; sur quoi l'ombre sourit et se retira, et moi, la suivant, au delà d'elle je passai. Doucement elle me dit de cesser: alors je la reconnus, et la priai que pour me parler elle s'arrêtât un peu. Elle me répondit: «Comme je t'aimai dans le corps mortel, dégagée de lui je t'aime; à cause de cela je m'arrête. Mais toi, pourquoi vas-tu?» - Mon Casella, pour retourner de nouveau là d'où je suis, je fais ce voyage. Mais loi, pourquoi cette terre si désirable t'était-elle déniée?