CHANT IV
Vers 100 à 139
EN SE DIRIGEANT VERS L'ENTRÉE DU PURGATOIRE, VIRGILE ET DANTE RENCONTRENT BELACQUA* QUI, PAR PARESSE, TARDA À SE REPENTIR
Al suon di lei ciascun di noi si torse,
e vedemmo a mancina un gran petrone,
del qual né io né ei prima s'accorse.
Là ci traemmo; e ivi eran persone
che si stavano a l'ombra dietro al sasso
come l'uom per negghienza a star si pone.
E un di lor, che mi sembiava lasso,
sedeva e abbracciava le ginocchia,
tenendo 'l viso giù tra esse basso.
«O dolce segnor mio», diss' io, «adocchia
colui che mostra sé più negligente
che se pigrizia fosse sua serocchia».
Allor si volse a noi e puose mente,
movendo 'l viso pur su per la coscia,
e disse: «Or va tu sù, che se' valente!».
Conobbi allor chi era, e quella angoscia
che m'avacciava un poco ancor la lena,
non m'impedì l'andare a lui; e poscia
ch'a lui fu' giunto, alzò la testa a pena,
dicendo: «Hai ben veduto come 'l sole
da l'omero sinistro il carro mena?».
Li atti suoi pigri e le corte parole
mosser le labbra mie un poco a riso;
poi cominciai: «Belacqua, a me non dole
di te omai; ma dimmi: perché assiso
quiritto se'? attendi tu iscorta,
o pur lo modo usato t'ha' ripriso?».
Ed elli: «O frate, andar in sù che porta?
ché non mi lascerebbe ire a' martìri
l'angel di Dio che siede in su la porta.
Prima convien che tanto il ciel m'aggiri
di fuor da essa, quanto fece in vita,
per ch'io 'ndugiai al fine i buon sospiri,
se orazïone in prima non m'aita
che surga sù di cuor che in grazia viva;
l'altra che val, che 'n ciel non è udita?».
E già il poeta innanzi mi saliva,
e dicea: «Vienne omai; vedi ch'è tocco
meridïan dal sole e a la riva
cuopre la notte già col piè Morrocco».
Au son de cette voix, nous nous retournâmes, et nous vîmes à main gauche un grand rocher, que ni lui ni moi n'avions aperçu d'abord. Nous nous y traînâmes: là étaient des gens qui se tenaient à l'ombre derrière le rocher, comme par nonchalance on se pose. Et l'un d'eux, qui me paraissait las, était assis et embrassait ses genoux, la tête entre eux baissée.
- O mon doux Seigneur, dis-je, regarde celui qui se montre plus indolent que si la Paresse était sa sœur.
Lors, prenant garde, vers nous il se tourna, levant les yeux seulement au-dessus de la cuisse, et dit: «Monte, toi qui es vaillant». Je le reconnus alors, et la fatigue, qui encore un peu hâtait ma respiration, ne m'empêcha point d'aller à lui: et quand je fus près,à peine souleva-t-il la tête, disant: «As-tu remarqué comme le soleil à gauche conduit son char?».
Son lent mouvoir et ses courtes paroles amenèrent un peu le rire sur mes lèvres; puis je commençai: - Belacqua, plus maintenant je ne te plains; mais, dis-moi, pourquoi ici es-tu assis! Attends-tu une escorte? ou as-tu repris ta vieille habitude? Et lui; «O frère, monter, qu'importe? puisqu'aux peines ne me laisserait point aller l'oiseau de Dieu qui garde la porte. «Il faut que, hors d'elle, s'accomplissent pour moi autant de révolutions célestes que ma vie eut de durée, parce que je différai jusqu'à la fin les bons soupirs; à moins qu'auparavant ne m'aide une prière qui s'élève d'un cœur où vive la grâce: que valent les autres, que le ciel n'écoute point?».
Déjà devant moi le Poète montait, et disait: «Viens maintenant; vois, le soleil touche au méridien, et, sur la rive, la nuit, du pied, couvre le Maroc».
*Facteur d'instruments de musique de grand renom, très paresseux.