CHANT XVII
Vers 35 à 72
EN ARRIVANT DANS LA QUATRIÈME BOLGE DES LENTS À VENIR AU DIVIN ET LÀ OU SE RESTAURE L'AMOUR, DANTE A UNE VISION DE LAVINIA, EN PLEURS. REVENANT À LUI, IL VOIT UN ÊTRE DE LUMIÈRE QUI LUI INDIQUE LE CHEMIN
...surse in mia visïone una fanciulla
piangendo forte, e dicea: «O regina,
perché per ira hai voluto esser nulla?
Ancisa t'hai per non perder Lavina;
or m'hai perduta! Io son essa che lutto,
madre, a la tua pria ch'a l'altrui ruina».
Come si frange il sonno ove di butto
nova luce percuote il viso chiuso,
che fratto guizza pria che muoia tutto;
così l'imaginar mio cadde giuso
tosto che lume il volto mi percosse,
maggior assai che quel ch'è in nostro uso.
I' mi volgea per veder ov' io fosse,
quando una voce disse «Qui si monta»,
che da ogne altro intento mi rimosse;
e fece la mia voglia tanto pronta
di riguardar chi era che parlava,
che mai non posa, se non si raffronta.
Ma come al sol che nostra vista grava
e per soverchio sua figura vela,
così la mia virtù quivi mancava.
«Questo è divino spirito, che ne la
via da ir sù ne drizza sanza prego,
e col suo lume sé medesmo cela.
Sì fa con noi, come l'uom si fa sego;
ché quale aspetta prego e l'uopo vede,
malignamente già si mette al nego.
Or accordiamo a tanto invito il piede;
procacciam di salir pria che s'abbui,
ché poi non si poria, se 'l dì non riede».
Così disse il mio duca, e io con lui
volgemmo i nostri passi ad una scala;
e tosto ch'io al primo grado fui,
senti'mi presso quasi un muover d'ala
e ventarmi nel viso e dir: 'Beati
pacifici, che son sanz' ira mala!'.
Già eran sovra noi tanto levati
li ultimi raggi che la notte segue,
che le stelle apparivan da più lati.
...dans ma vision surgit une jeune fille pleurant, et disant: «O reine, pourquoi par colère as-tu voulu ne plus être? Tu t'es tuée pour ne pas perdre Lavinia, et maintenant tu l'as perdue: elle-même suis-je, moi qui pleure, mère, ta mort avant celle d'un autre.»
Comme se rompt le sommeil, quand subitement une nouvelle lumière frappe les yeux fermés, et, rompu, se débat avant de mourir tout à fait ; ainsi s'éteignit en moi l'imaginer, sitôt que frappa mon visage une lumière, bien plus vive que celle à laquelle nous sommes accoutumés.
Je me tournais pour regarder d'où elle venait, lorsqu'une voix dit: «Ici l'on monte. » De toute autre pensée elle me détourna, et m'inspira un si grand désir de voir qui me parlait, que rien ne l'aurait pu calmer que son objet même. Mais comme il advient devant le soleil, qui éblouit notre vue et se voile de son propre éclat, ainsi ma force ici défaillait.
«Celui-ci est l'esprit divin qui, sans être prié, nous indique le chemin pour aller en haut, et se cache lui-même dans sa lumière. Avec nous il fait comme l'homme fait avec soi: car, qui voit le besoin et attend qu'on le prie, malignement déjà se met sur la négative. Maintenant, que nos pieds obéissent à une si haute invitation: tâchons de monter avant que la nuit se fasse ; après, on ne le pourrait jusqu'au retour du jour. » Ainsi dit mon Guide, et lui et moi nous tournâmes nos pas vers un escalier: et dès que je fus sur le premier degré, je sentis près de moi comme un mouvement d'ailes, et sur ma face passer un souffle, et j'entendis: «Beati pacifi, qui point n'ont en eux de mauvaise colère. » Déjà, au-dessus de nous si élevés étaient les derniers rayons qui précèdent la nuit, que de plusieurs côtés paraissaient les étoiles.