CHANT XXIV

Vers100 à 120

DANS LA SIXIÈME BOLGE OÙ LES ÂMES FONT LA DIÈTE, DANTE ÉCOUTE LES PRÉDICTIONS DE FORESE AU SUJET DE LA VILLE DE LUCANA. FORESE PARTI, IL APERÇOIT À NOUVEAU UN BEL ARBRE

E quando innanzi a noi intrato fue,
che li occhi miei si fero a lui seguaci,
come la mente a le parole sue,

parvermi i rami gravidi e vivaci
d'un altro pomo, e non molto lontani
per esser pur allora vòlto in laci.

Vidi gente sott' esso alzar le mani
e gridar non so che verso le fronde,
quasi bramosi fantolini e vani

che pregano, e 'l pregato non risponde,
ma, per fare esser ben la voglia acuta,
tien alto lor disio e nol nasconde.

Poi si partì sì come ricreduta;
e noi venimmo al grande arbore adesso,
che tanti prieghi e lagrime rifiuta.

«Trapassate oltre sanza farvi presso;
legno è più sù che fu morso da Eva,
e questa pianta si levò da esso».

Sì tra le frasche non so chi diceva;
per che Virgilio e Stazio e io, ristretti,
oltre andavam dal lato che si leva.

Et quand il fut si loin devant nous, que mes yeux le suivaient comme mon esprit suivait ses paroles, m'apparurent les rameaux chargés et verdoyants d'un autre pommier peu éloigné qui, seulement alors, de notre côté fut à découvert.

Je vis dessous des gens élever les mains, et crier je ne sais quoi vers le feuillage, comme des enfants pressés d'une faim vaine, qui prient, et le prié ne répond pas, mais pour aiguiser leur envie, tient haut ce qu'ils désirent, et ne le cache point.

Ensuite ils partirent, comme désabusés; et nous alors nous vînmes au grand arbre, qui rebute tant de prières et de larmes.

«Passez outre, sans vous approcher! plus haut est l'arbre que mordit Eve, et ce plant en a été tiré». Ainsi, entre les branches, disait je ne sais qui; par quoi arrêtés, Virgile et Stace et moi, nous prîmes du côté qui s'élève.