CHANT VII
Vers 100 à 130
APRÈS LE QUATRIÈME CERCLE DES AVARES ET DES PRODIGUES, OÙ RÈGNE PLUTUS, VIRGILE ET DANTE ARRIVENT AU CINQUIÈME CERCLE DES COLÉRIQUES ET DES NÉGLIGENTS
Noi ricidemmo il cerchio a l'altra riva
sovr' una fonte che bolle e riversa
per un fossato che da lei deriva.
L'acqua era buia assai più che persa;
e noi, in compagnia de l'onde bige,
intrammo giù per una via diversa.
In la palude va c'ha nome Stige
questo tristo ruscel, quand' è disceso
al piè de le maligne piagge grige.
E io, che di mirare stava inteso,
vidi genti fangose in quel pantano,
ignude tutte, con sembiante offeso.
Queste si percotean non pur con mano,
ma con la testa e col petto e coi piedi,
troncandosi co' denti a brano a brano.
Lo buon maestro disse: «Figlio, or vedi
l'anime di color cui vinse l'ira;
e anche vo' che tu per certo credi
che sotto l'acqua è gente che sospira,
e fanno pullular quest' acqua al summo,
come l'occhio ti dice, u' che s'aggira.
Fitti nel limo dicon: "Tristi fummo
ne l'aere dolce che dal sol s'allegra,
portando dentro accidïoso fummo:
or ci attristiam ne la belletta negra".
Quest' inno si gorgoglian ne la strozza,
ché dir nol posson con parola intégra».
Così girammo de la lorda pozza
grand' arco, tra la ripa secca e 'l mezzo,
con li occhi vòlti a chi del fango ingozza.
Venimmo al piè d'una torre al da sezzo.
Nous passâmes à l'autre bord du cercle, près d'une fontaine qui bouillonne et se dégorge par un fossé dérivé d'elle. L'eau était d'une teinte plutôt sombre que noire; et nous, en suivant les brunes ondes, nous entrâmes par un autre chemin dans ces liasses régions.
Descendu au pied de ces malignes pentes grises, ce triste ruisseau y engendre un marais nommé Styx. Et moi qui regardais, attentif, je vis dans ce bourbier des gens tout nus, couverts de fange, le visage courroucé. Ils se frappaient, non pas seulement avec la main, mais avec la tête, avec la poitrine et les pieds, et en lambeaux se déchiraient avec les dents.
Le bon Maître dit: «Tu vois les âmes de ceux que vainquit la colère, et je veux aussi que pour certain tu tiennes qu'il en est, sous l'eau, dont les soupirs produisent ces bulles à la surface, comme l'oeil te le montre, où qu'il se tourne. Enfoncés dans le limon, ils disent: Malheureux fûmes-nous dans le doux air que réjouit le soleil, ayant au dedans de nous une fumée pesante! Maintenant nous nous attristons au fond de la bourbe noire... Dans leur gosier ils murmurent cet hymne, dont ils ne peuvent prononcer une parole entière».
Ainsi nous parcourûmes, entre la rive sèche et le milieu, un grand arc du sale marais, les yeux tournés vers ceux qui engloutissent la fange:
Au pied d'une tour nous arrivâmes enfin.