CHANT XXII

Vers 118 À 150

PAR UN HABILE STRATAGÈME, LE FRAUDEUR NAVARRAIS ÉCHAPPE AUX DÉMONS PRÊTS À LE LACÉRER EN PLONGEANT DANS LA POIX BOUILLANTE. IRRITES DE NE POUVOIR LE RATTRAPER, CALCABRINA ET ALICHINO SE BATTENT

O tu che leggi, udirai nuovo ludo:
ciascun da l'altra costa li occhi volse,
quel prima, ch'a ciò fare era più crudo.

Lo Navarrese ben suo tempo colse;
fermò le piante a terra, e in un punto
saltò e dal proposto lor si sciolse.

Di che ciascun di colpa fu compunto,
ma quei più che cagion fu del difetto;
però si mosse e gridò: «Tu se' giunto!».

Ma poco i valse: ché l'ali al sospetto
non potero avanzar; quelli andò sotto,
e quei drizzò volando suso il petto:

non altrimenti l'anitra di botto,
quando 'l falcon s'appressa, giù s'attuffa,
ed ei ritorna sù crucciato e rotto.

Irato Calcabrina de la buffa,
volando dietro li tenne, invaghito
che quei campasse per aver la zuffa;

e come 'l barattier fu disparito,
così volse li artigli al suo compagno,
e fu con lui sopra 'l fosso ghermito.

Ma l'altro fu bene sparvier grifagno
ad artigliar ben lui, e amendue
cadder nel mezzo del bogliente stagno.

Lo caldo sghermitor sùbito fue;
ma però di levarsi era neente,
sì avieno inviscate l'ali sue.

Barbariccia, con li altri suoi dolente,
quattro ne fé volar da l'altra costa
con tutt' i raffi, e assai prestamente

di qua, di là discesero a la posta;
porser li uncini verso li 'mpaniati,
ch'eran già cotti dentro da la crosta.

E noi lasciammo lor così 'mpacciati.


O toi qui lis, tu vas entendre parler d' un jeu nouveau. Vers l'autre côté chacun tourna les yeux, et, le premier, celui à qui le plus il coûtait de le faire. Le Navarrais prit bien son temps: il affermit les pieds à terre, et en un clin d'oeil il sauta, et à leurs desseins se déroba. De quoi chacun soudain fut contrit; mais celui-là plus qui de la faute était cause, pourtant il s'élança, criant: «Je le tiens!» Mais peu lui servit; les ailes ne purent devancer la peur: celui-là dessous s'enfonça; et celui-ci volant au dessus, dressa la poitrine, comme le canard, quand le faucon s'approche, tout à coup plonge, et lui s'en va courroucé et défait.

Irrité de la moquerie, Calcabrina vola derrière Alichino, désireux que l'autre échappât, pour venir aux prises, et quand le larron eut disparu, il tourna les griffes contre son compagnon, et sur la fosse ils s'assaillirent. Mais l'autre à le griffer bien se montra épervier expert, et tous deux tombèrent dans l'étang bouillant. Le feu soudain les fit se lâcher; mais se relever ils ne pouvaient, tant leurs ailes étaient engluées. Non moins dépité que les autres, Barbariccia, de l'autre côté, en fit voler quatre avec tous les harpons; et très prestement, d'ici, de là, ils descendirent au poste: ils allongèrent les crocs vers les empoissés, qui déjà étaient cuits dans la croûte. Et nous les laissâmes ainsi empâtés.