CHANT XXX
Vers 91 à 111
CONTINUANT À AVANCER DANS LA DIXIÈME BOLGE, DANTE RENCONTRE, PARMI D'AUTRES DAMNÉS, LES OMBRES DU FAUX MONNAYEUR ADAM* ET DE SINON**, LE PARJURE QUI CAUSA LA PERTE DE TROIE
E io a lui: «Chi son li due tapini
che fumman come man bagnate 'l verno,
giacendo stretti a' tuoi destri confini?».
«Qui li trovai -e poi volta non dierno-»,
rispuose, «quando piovvi in questo greppo,
e non credo che dieno in sempiterno.
L'una è la falsa ch'accusò Gioseppo;
l'altr' è 'l falso Sinon greco di Troia:
per febbre aguta gittan tanto leppo».
E l'un di lor, che si recò a noia
forse d'esser nomato sì oscuro,
col pugno li percosse l'epa croia.
Quella sonò come fosse un tamburo;
e mastro Adamo li percosse il volto
col braccio suo, che non parve men duro,
dicendo a lui: «Ancor che mi sia tolto
lo muover per le membra che son gravi,
ho io il braccio a tal mestiere sciolto».
Ond' ei rispuose: «Quando tu andavi
al fuoco, non l'avei tu così presto;
ma sì e più l'avei quando coniavi».
Qui sont les deux malheureux qui fument, comme en hiver une main mouillée,
et gisent serrés l'un contre l'autre, à ta droite? « Ici les trouvai-je, répondit-il,
quand je tombai dans cette sentine, et depuis ils n'ont bougé, ni, je crois, ne
bougeront éternellement. L'une est celle qui accusa faussement Joseph; l'autre
est Sinon, le Grec fourbe de Troie: une lièvre ardente fait que d'eux sort cette
fumée infecte.» Et l'un d'eux, qui peut-être fut chagrin de s'entendre nommer
si honteusement, du poing lui frappa la dure panse. Celle-ci sonna comme un
tambour; et , avec la main maître Adam lui frappa le visage, qui ne parut pas
moins dur, lui disant: «Quoique je ne puisse remuer mes membres à cause de
leur poids, j'ai le bras dispos pour une telle besogne.» A quoi l'autre
répondit: «En allant au feu, tu ne l'avais pas si agile; mais oui bien, et plus,
quand tu battais monnaie.
* Brescian qui, sur ordre des comtes de Romena, battit de la fausse monnaie et fut brûlé vif pour ce
crime.
** Sinon, cousin d'Ulysse, espion Grec de la guerre de Troie qui précipita la chute des troyens grâce à la
ruse du cheval de Troie.