CHANT XXII

Vers 127 À 154

DANS LA SIXIÈME BOLGE, VIRGILE, STACE, QUI EXPIE SA PRODIGALITÉ, ET DANTE POURSUIVENT LEUR ASCENSION; ILS TROUVENT EN CHEMIN UN ARBRE CHARGÉ DE FRUITS DELICIEUX AUXQUELS LES ÂMES NE DOIVENT PAS TOUCHER POUR SE PURIFIER DE LEUR GOURMANDISE

Elli givan dinanzi, e io soletto
di retro, e ascoltava i lor sermoni,
ch'a poetar mi davano intelletto.

Ma tosto ruppe le dolci ragioni
un alber che trovammo in mezza strada,
con pomi a odorar soavi e buoni;

e come abete in alto si digrada
di ramo in ramo, così quello in giuso,
cred' io, perché persona sù non vada.

Dal lato onde 'l cammin nostro era chiuso,
cadea de l'alta roccia un liquor chiaro
e si spandeva per le foglie suso.

Li due poeti a l'alber s'appressaro;
e una voce per entro le fronde
gridò; «Di questo cibo avrete caro».

Poi disse; «Più pensava Maria onde
fosser le nozze orrevoli e intere,
ch'a la sua bocca, ch'or per voi risponde.

E le Romane antiche, per lor bere,
contente furon d'acqua; e Danïello
dispregiò cibo e acquistò savere.

Lo secol primo, quant' oro fu bello,
fé savorose con fame le ghiande,
e nettare con sete ogne ruscello.

Mele e locuste furon le vivande
che nodriro il Batista nel diserto;
per ch'elli è glorïoso e tanto grande

quanto per lo Vangelio v'è aperto».





Et ils allaient devant, et moi seul derrière, écoutant leurs discours, qui me donnaient l'intelligence de la poésie.

Mais tôt rompit le doux discourir, un arbre qu'au milieu du sentier nous trouvâmes, chargé de pommes, à l'odorat suaves et bonnes. Et comme le sapin,de rameau en rameau, se rétrécit en s'élevant, ainsi cet arbre en descendant, afin, je crois, que dessus nul ne monte. Du côté où le chemin était fermé, tombait du roc élevé une eau claire, qui se répandait d'en haut sur les feuilles. Les deux Poètes s'approchèrent de l'arbre, et d'au dedans, à travers le feuillage, une voix cria; «De ce fruit vous aurez disette». Puis elle dit; «Plus pensait Marie à ce que les noces fussent honorables et complètes, qu'à sa bouche, qui maintenant pour vous répond. Et les antiques Romains se contentèrent d'eau pour boisson, et Daniel méprisa le manger, et acquit le savoir. Le premier âge fut beau comme l'or; il rendit par la faim les glands savoureux, et par la soif fit, de chaque ruisseau du nectar. Du miel et des sauterelles furent la nourriture de Baptiste dans le désert; pour cela glorieux est-il, et aussi grand que le déclare l'évangile».